18 Mai. 2024
Balade sur le sentier artistique de Hautecour
Découverte, Insolite, Nature
La Savoie est riche en églises et chapelles baroques du XVIIe siècle, elle en compte plus de 80 ! L'art baroque est né en réaction à la Réforme protestante (Luther) pour affirmer la toute puissance du catholicisme.
Profitez de votre séjour en Cœur de Tarentaise pour découvrir la richesse des décors sculptés et peints de ces édifices de montagne qui témoignent de la ferveur religieuse des paysans des XVIIe et XVIIIe siècles. Bien souvent illettrés, il était important de leur faire passer autrement le message biblique. L'art joue donc un rôle fondamental et ce "catéchisme imagé" qui devait surprendre, émouvoir, éblouir et toucher le coeur des fidèles pour éveiller en eux la foi et l'admiration devant la beauté du monde céleste suggéré.
Pour en apprendre davantage sur nos églises, des visites guidées sont organisées par des guides du Patrimoine Savoie Mont-Blanc et de la FACIM
Agenda des visites ici
Il apparaît en Italie et se développe en Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles, inspiré par de grands artistes comme Borromoni, Le Bernin, Guarino Garini …
A cette époque, les églises et chapelles d’origine médiévale sont agrandies ou transformées selon un plan presque identique. D’apparence extérieure sobre, l’église baroque abrite au fond du chœur le retable richement sculpté, c’est un véritable catéchisme illustré.
Le Baroque est l’art de la mise en scène, du mouvement avec les jeux de drapés et de lumière, des trompes l’œil, des dorures et des couleurs vives, des courbes et contre-courbes, des volutes, de la dramatisation et des mises en scènes théâtrales… C’est l’expression du grandiose et de la démesure pour séduire les fidèles.
Téléchargez notre guide en .pdf à la fin de l’article
Dans le village de Saint Martin de Belleville, le sanctuaire de ND de la Vie, récemment rénové, illustre magnifiquement l’Art Baroque.
Entre 2012 et 2015, l’édifice fragilisé a bénéficié d’importants travaux pour un montant de 2,6 millions d’euros.
Chef d’œuvre du 17ème siècle, le Sanctuaire Notre Dame de la Vie veille sur la Vallée des Belleville. Dotée de l’un des plus anciens retables baroques de Tarentaise, il est le témoin du renouveau artistique et religieux de la Savoie au XVIIe siècle : toute la richesse et les techniques de l’art baroque y sont brillamment illustrées. Classé Monument Historique en 1949, ce joyau de l’art baroque est le sanctuaire le plus vénéré de Tarentaise.
Autrefois à l’occasion de la fête mariale le 15 août et début septembre, des foules considérables venaient s’y recueillir.
Édifié entre 1635 et 1680, ce sanctuaire conçu par Nicolas Deschamps présente un plan original en croix grecque, à coupole centrale sur pendentifs et lanternon, et des chapelles rayonnantes. Les fresques sont l’œuvre du peintre savoyard Nicolas Oudeard, elles représentent l’Ancien Testament et ont été peintes en 1679.
Le retable principal a été sculpté par un artiste piémontais, Jean-Marie Molino. Dans un foisonnement de sculptures et d’or, il détaille la vie de la Vierge Marie et abrite en son centre une « statue miraculeuse ».
Ouverture : Toute l’année, tous les jours de 9h à 17h. Accès principal ouvert, puis l’intérieur est protégé par des grilles.
Sur son plateau d’altitude à Notre-Dame-du-Pré, l’église veille sur le village et ses habitants. Erigée au XVIIe siècle, elle a succédé à un premier édifice plus petit du XIIe déjà consacré à Marie. L’église à l’entrée du village .
En 1647, elle s’enrichit d’un décor intérieur baroque et l’édifice change d’orientation !
Retable aux couleurs contrastées, tabernacle aux fines colonnettes dorées, angelots virevoltants, on en prend plein les yeux !
Ouverture : Tous les jours
L’église Saint Maurice au chef-lieu de Salins-Fontaine est transformée et agrandie en 1643.
L’église du village est dédiée à Saint-Maurice, patron de la Maison de Savoie. Ses retables sont baroques en bois sculpté, polychromes et dorés, notamment le retable principal représentant saint Maurice d’Agaune, il est orné d’un tableau représentant le massacre de la légion thébaine*.
Le retable du Rosaire, classé, a sans doute été réalisé par Jacques Clérant en 1677.
Devant l’église, on peut observer la stèle du chevalier Merme, un militaire qui eut une extraordinaire carrière sous la Révolution et l’Empire. Rescapé de la campagne de Russie, il se retira à Salins d’où il était originaire…
Ouverture : Toute l’année. Lundi : 8h30 à 12h / 13h30 à 17h – Mercredi et vendredi : 8h30 à 12h – Jeudi : 8h30 à 12h / 13h30 à 18h
En hiver, vérifier l’ouverture au 04 79 24 03 58.
Fermeture : mardi, samedi, dimanche et jours fériés.
Pour la petite histoire …
*Selon cette tradition, Saint-Maurice, commandant de cette légion romaine refusa de sacrifier au culte de l’empereur. Le massacre aurait eu lieu sous Dioclétien entre 285 et 306 à Agaune (aujourd’hui Saint-Maurice) en Valais. Les légionnaires thébains auraient reçu l’ordre de participer à la persécution de chrétiens locaux en les tuant ou de participer à un culte aux Dieux romains. Pour la plupart convertis au christianisme, les soldats auraient refusé l’ordre. Devant cette insubordination, Maximien aurait ordonné le massacre de la légion soit 6600 soldats et leurs chefs. Ce martyr est l’événement fondateur du culte de Saint Maurice en Suisse puis dans le reste de l’Europe.
Durant votre visite, difficile de passer à côté du retable, c’est la pièce maîtresse du décor ! Tout est d’ailleurs fait pour attirer le regard et l’esprit vers cet imposant panneau central situé derrière l’autel.
A l’époque baroque, le retable devient monumental. En bois, pin arole, bois tendre, il renferme naturellement un pouvoir répulsif pour éloigner les parasites. Une des raisons de bonne conservation en général. Ce bois est peint ou doré à la feuille d’or. Côté peinture, 3 couleurs prédominent : le rouge (notions de partage et charité), le vert (l’espérance), le bleu (Paix et Marie).
Construit selon le même plan que les arcs de triomphe de la Rome antique à 3 portes avec une mise en scène ascendante (du bas vers le haut), comprenez de la terre vers le ciel.
1er niveau : soubassement et suite de gradins à décor profane (feuillages, bouquets, grappes de raisin, rameaux). Le tabernacle intégré symbolise le mystère de l’Eucharistie.
2ème niveau : partie pédagogique en 3 volets
– Le panneau central (toile peinte ou statue) est réservé au Saint Patron du village, à la Trinité, à la Vierge et aux angelots.
– Les panneaux latéraux, à droite et à gauche, abritent les statues des Saints apôtres ou d’autres Saints vénérés pour leur protection. Des colonnes élèvent le regard des fidèles et assurent le lien entre la terre et le ciel.
3ème niveau : Le registre supérieur ou attique rassemblent des médaillons, des statues, des angelots, et au centre Dieu le Père coiffé du triangle symbole de la Trinité, les bras ouverts en signe d’accueil bienveillant.
En savoir plus sur l’art Baroque en Tarentaise
Citations :
» Les lieux magiques sont toujours beaux et méritent d’être contemplés. Restez toujours sur le pont entre l’invisible et le visible. » Paulo Coelho
« Heureux les yeux qui n’ont pas besoin d’illusion pour voir que le spectacle est grand ». Maurice Maeterlinck